Nous avons décidé d’entamer la démarche de certification B-CORP!

Nous avons décidé d’entamer la démarche de certification B-CORP!

Publié le : - Catégories : Mieux
Selon une étude menée aux Etats-Unis par la société Génomatica (1), 88% des consommateurs affirment ne pas faire immédiatement confiance aux marques qui se disent durables et 51% disent être conscients que le greenwashing est courant dans l'industrie de la mode. Cela montre à quel point il est difficile pour le client de s’y retrouver dans le discours des marques. Et pour nous, comment être sûr de faire les choses correctement et donner des gages de bonne foi à nos clients ?

Dans le but de répondre à ces questions, nous avons décidé de tenter une certification sociale et environnementale : B-Corp. A l’heure où nous écrivons ces lignes, notre dossier est en cours d’examen et nous aurons un retour sous 5 à 7 mois.

C’est un processus lourd pour une petite structure comme la nôtre, d’autant que le résultat est incertain. Cependant, les 4 mois que nous avons passé à préparer notre dossier nous ont déjà tellement apporté que l’on voulait partager cette première étape avec vous !

1/ Une certification ? nous étions plutôt contre au début.



Une certification : ce n’est pas que pour les grands !

Un label: c’est pour les grands, pas pour les petits!


Les labels de certification avaient l’image de processus très lourds pour une PME comme la nôtre. Dans notre esprit, ils étaient destinés à accompagner de grandes structures vers un changement de pratiques.

Nous avions le sentiment que nos démarches étaient plus engagées que la grande majorité des autres acteurs de l’industrie de la chaussure. Alors pourquoi se lancer dans un projet aussi conséquent ?

C’est en discutant avec d'autres marques suisses indépendantes, comme nos amis de Baabuk, que nous nous sommes rendu compte des bienfaits d’une certification externe officielle pour les petites structures. Pour l’obtenir, une entreprise doit se conforter à un cahier des charges. Cette exigence pousse à cadrer ses actions, identifier ses forces et ses limites et ainsi mettre en place des méthodes structurées.

Il existe beaucoup de labels “spécialisés”, surtout dans l’alimentaire et le textile.


En cherchant le label qui correspondait à nos objectifs, nous avons constaté qu’il en existait un très grand nombre.

Il suffit de se rendre sur le site d’ECOCERT pour s’en rendre compte. Cet organisme de certification très reconnu propose 61 labels ! Malheureusement aucun ne nous satisfaisait vraiment :

- La grande majorité des labels sont pour l'alimentation BIO. Il en existe peu pour les autres industries.

- Pour la mode, il existe des labels dans le textile, le coton ou des matières particulières mais pas pour la chaussure et encore moins pour le cuir. C’est d’ailleurs un problème que nous remontons dans un de nos articles du blog.

- Il existe également d’autres labels qui ne sont pas spécialisés pour une industrie en particulier mais qui sont trop généralistes pour nous. Par exemple, le label « For Life » qui se s’intéresse uniquement aux impacts sociaux des entreprises. Ou encore le label « Sourcing with respect » qui garantit des sources d’approvisionnement éthique.

- Enfin, il existe des labels pour garantir des conditions de production éthique dans les pays de fabrication hors UE (fair trade etc…), ce qui n’est pas notre cas.


Or, notre crédo n'est pas de proposer un produit qui soit révolutionnaire sur un aspect social ou environnemental en particulier. Notre volonté est d'offrir une solution globale tournée vers l'amélioration continue des aspects sociaux, communautaires et environnementaux. D'où notre slogan "un petit pas vers un grand mieux". Aucun des labels listés plus haut ne couvre ce spectre “généraliste”.

Par ailleurs, certains labels nous semblent parfois très loin du monde des affaires. Or nous sommes une entreprise, pas une ONG.



Une jungle de labels

Pourtant, rester seul dans son coin a ses limites.


Nous sommes une petite équipe et nous avons forcément besoin de trouver l'inspiration plus loin.

Le risque que nous percevons à rester sans certification est de tourner en rond et de camper sur nos certitudes. Nous cherchons depuis longtemps un moyen de structurer nos actions solidaires et sociales. Nous avons toujours agi à l'instinct avec la volonté sincère de bien faire. Mais pour grandir, il faut découvrir de nouvelles pistes, mesurer nos impacts plus finement, ouvrir de nouveaux champs d'actions.

Donc…. Il n’y a que les imbéciles qui ne changent pas d’avis : tentons une certification !

2/ Pourquoi avoir choisi le label B Corp?

B-Corp, un label respecté partout dans le monde


Nous connaissions le label B-Corp à travers la marque Patagonia qui compte parmi les entreprises évoluant dans un modèle vertueux. Le label B-CORP est né aux Etats-Unis pour certifier des entreprises privées qui intègrent des objectifs sociaux, sociétaux et environnementaux dans leur mission, leur modèle économique, leurs effectifs, leurs produits ou services. Le lightmotiv des entreprises certifiées n’est pas de chercher à être la meilleure entreprise AU monde mais une meilleure entreprise POUR le monde.

La certification B-Corp est faite pour des sociétés inscrites dans une démarche de progrès. Leur slogan est “using business as a force for good”. C’est exactement ce qu’on veut faire ! Selon nous, sa grande force est de couvrir tous nos champs d’action tels que l’environnement, le personnel, le client, la gouvernance et la communauté.

2500 entreprises sont déjà certifiées B-CORP dans le monde dont 43 sociétés certifiées en Suisse.


Un slogan qui nous parle : une entreprise peut faire des affaires sans tout détruire autour d’elle !





Il faut aller lire ces 17 idées, tout y est!

La mesure d’impact


Un questionnaire en ligne très complet a pour but de mesurer l’impact de l’entreprise sur 5 points: la gouvernance, les employés, la collectivité, l'environnement et les clients. Le voici: Measure What Matters Most | B Impact Assessment
Il faut atteindre 80 points pour pouvoir passer la certification. Elle consiste en des vérifications et entretiens sur la base des réponses. Certaines entreprises n’atteigne pas cette limite mais se servent des questions pour évaluer leur impact et pour progresser.


Ce qui nous semble très intéressant, c’est que le questionnaire et sa définition du mot “BIEN” se fondent sur les 17 objectifs de l’ONU pour l’agenda 2030 du développement durable. Vous pouvez aller faire un tour ici :https://sustainabledevelopment.un.org/ Il s’agit d’une démarche de progrès pour l’environnement mais aussi contre la pauvreté, l’exploitation, l’exclusion ou les discriminations.

Les sujets qui sont audités


Les questions sont très larges et portent donc sur 5 champs:

- Sur la gouvernance : l’entreprise est auditée sur ce qu’elle fait pour améliorer ses pratiques et politiques qui se rapportent à sa mission, son éthique, sa responsabilité, ainsi que sa transparence.

- Sur la partie employés, B-Corp vérifie que l’entreprise contribue au bien-être financier, physique, professionnel et social de ses employés, qu’elle respecte leur diversité.

- Sur la partie collectivité, l’idée est de mesurer ce que l’entreprise fait pour contribuer au bien-être social et économique des communautés dans lesquelles elle opère. Par exemple, l’intégration de l’entreprise dans son tissu local : comment elle participe au progrès de sa ville, de son pays, ou comment elle en fait profiter les autres entreprises de la région.

- sur la partie environnementale, B-Corp s'intéresse à ce que l’entreprise fait pour améliorer sa gestion environnementale globale. Par exemple, mesurer l’impact de l'entreprise sur le climat, suivre la traçabilité de ses fournisseurs. L’audit porte aussi sur la façon dont nous impactons des changements chez nos partenaires pour les faire progresser eux-aussi.

- Enfin, sur la question des clients, la certification porte sur le bien-être du client et sur le respect de sa vie privée. B-Corp cherche aussi à savoir si le client est au centre des décisions de l’entreprise et si ses critiques sont adressables et prises en compte.

Tout est transparent : une fois l’audit terminé, tout le monde peut consulter votre note en allant sur leur site.

Vous ne pouvez pas vous cacher! L’évaluation est consultable par tout le monde.



Frédérique remet des paires de Benjie à Caritas et au CSP pour leur vestiaire solidaire à Carouge.

3/ Qu'est-ce que cela nous a déjà apporté?

Il est sûr que si nous n’obtenons pas la certification, nous serons déçus... Cependant, nous saurons où nous avons perdu des points et rien ne nous empêchera de les corriger et de représenter le dossier. Ensuite, tout le travail effectué sur le questionnaire nous a déjà apporté beaucoup ! Quoi qu’il arrive, nous avons déjà avancé…

Être lucide sur ses limites mais aussi conscient de ses forces...


Atteindre le palier de 80 points du questionnaire requiert beaucoup d’exigence dans une multitude de domaines.

De façon générale, nous manquons de formalisme dans nos processus. Nous faisons plein de choses mais n’écrivons pas beaucoup de procédures, faute de temps et de moyens. Cela semble normal pour une petite structure, mais nous devons avoir plus de politiques écrites, de règles formelles. Et nous devons pouvoir les partager.

C’est un point sur lequel nous avons déjà avancé. Voici la liste exhaustive des documents que nous avons (re)formalisés :

- Le règlement du personnel,
- La charte des bonnes pratiques des bureaux virtuels,
- L’organigramme de l’organisation,
- La formalisation des objectifs environnementaux (nombre de paires collectées pour la seconde vie, consommation énergétique du magasin, suivi fournisseurs),
- Le mapping de traçabilité de nos matériaux,
- La liste des éco-matériaux cibles pour nos développements,
- Le code de bonne conduite de nos fournisseurs,
- Le contrôle des documents de certification sécurité et qualité de notre usine

A l’inverse, nous avons pris conscience de certains de nos points forts... En voici une liste :

- Une gouvernance locale, un actionnariat familial indépendant et non professionnel
- La mixité de l’équipe notamment en terme de genre et d’âge
- Le partage de nos pratiques avec la communauté et avec une grande transparence
- Des avantages sociaux intéressants pour le personnel (congé parental étendu, assurance accident premium par exemple)
- Un modèle de développement local en magasin
- Des actions de solidarité locales (CANSEARCH, soldes solidaires, Back Friday)
- La collecte des chaussures usagées pour augmenter la durabilité de nos produits et contribuer au financement des œuvres caritives suisses
- Nos fournisseurs dans des pays sûr
- La prise des avis clients après chaque achat
- Des logiciels compatibles RGPD (Règlement Général de Protection des Données) pour protéger la vie privée



Progresser AVEC les fournisseurs est essentiel.


La Basket Benjie de mon canton au profit de CANSEARCH

Nos premières actions


Sur le volet communautaire, nous nous sommes rendu compte que nous étions assez actifs. Nous soutenons la communauté localement par nos actions de solidarité et sommes proches de nos clients grâce au magasin.

Cependant, les montants que nous collectons restent limités en termes financiers et certaines tâches sont délocalisées alors qu'elles pourraient être faites sur place. Cette prise de conscience nous a donné une impulsion pour travailler avec Foyer Handicap à Genève.
Nous avions tenté une collaboration avec eux il y a deux ans pour broder des chaussures, mais cela n'avait pas marché pour des raisons techniques.
Nous les avons rappelés et avons décidé de leur confier nos travaux d'imprimerie plutôt que de passer par de grandes plateformes en ligne et étrangères. Petite victoire…



En visite dans une tannerie de Lousada (PT). Il va falloir y passer encore plus de temps!

Sur le volet environnemental, nous avons des atouts de par la provenance de nos matériaux et le lieu de fabrication. Mais notre traçabilité reste perfectible, particulièrement en ce qui concerne le cuir. Nous devons passer encore plus de temps chez nos fournisseurs et contrôler toute la chaîne d'approvisionnement du produit. Nous vous en parlons ouvertement sur le blog. Nous devons également augmenter la part de matériaux recyclés dans nos matières premières.


Concernant la durabilité et la gestion de l’énergie, le programme de reprise des Benjie usagées destinées à une seconde vie est un bon point. Cependant, à part quelques chaussures compostables, une chaussure n’est pas recyclable aujourd’hui.

Par ailleurs, nous ne suivons pas notre consommation d'énergie ni notre emprunte carbone. Cette première prise de conscience nous a poussé à passer en énergie 100% vitale vert pour le magasin.

La suite?


Cette démarche nous motive dans notre volonté d’être encore plus une entreprise de progrès.

Le dossier va donc être soumis à B-CORP ces prochaines semaines et bien entendu nous vous tiendrons informés des prochaines étapes, car nous sommes certains que nos clients aussi ont à cœur de consommer de manière toujours plus responsable :)



Et bien… on est pas rendus!

(1) Genomatica a mené cette recherche à l'aide d'une enquête en ligne préparée par Method Research et distribuée par Dynata parmi 2.000 adolescents et adultes aux États-Unis. L'échantillon était composé de groupes d'âge générationnels de taille égale, et d'une répartition égale entre les hommes et les femmes, avec une répartition géographique représentative à l'échelle nationale des répondants. Les données ont été recueillies du 31 mars au 8 avril 2021.

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